Rugby : portrait de Sylvain Marconnet
Le Marconnet est un drôle d'oiseau qui s'est élevé au dessus des mêlées au point de devenir l'un des plus redoutés piliers de l'histoire.
Une bouille de gourmand – il était aimanté par la devanture du pâtissier de Givors quand il était gamin -, Sylvain a surtout été un boulimique de rugby, en capacité d'honorer les postes « 1 » et « 3 ». Il avait le coup d'œil et les jambes pour cavaler dans le champ en tant que pilier gauche et les reins et les cuisses, pour contenir, comme pilier droit, la poussée adverse. Rares les rugbymen qui sont deux pierres de mêlée à eux seuls. Comme le furent, avant lui, les Basques Jean Iraçabal et Pierre Dospital.
3 plus 1 égale 4, de quoi libeller... un quatrain pour faire déchanter les adversaires! Des pierres qui posent les fondations de « la maison du ballon », mot d'enfant auquel Robert Paparemborde, autre grand pilier, faisait référence. Un pilier est, à la fois, un constructeur et un destructeur: quand il prend le dessus sur son rival direct, il aide à la construction du jeu de son équipe tout en mettant à mal les bases de l'équipe adverse. Dans un bras de fer à seize cous, on s'arrêtera là car, autrement, ça ferait trente deux...Sachant qu'il faut en avoir pour jouer au rugby!
Sylvain s'octroie un raccourci entre « Gedimat » et le rugby: - « Je retrouve dans cette boite, où l'on respire bien, des valeurs me rappelant notre jeu. Notamment la solidarité: lorsqu'il s'agit de tenir ses engagements et respecter une date butoir, il faut que tout le monde, du chef qui montre l'exemple à ses hommes qui le suivent, s'y filent, comme chez nous, pour gagner le match... ».
Le Givordin dénote dans le cercle hermétique des piliers, habituellement taiseux, il n'avait pas sa langue dans la poche et s'en servait pour déstabiliser psychologiquement ses vis à vis. Il ne fut pas uniquement un pilier de mêlée, également un pilier de bar: - « Ce qui, pour moi, ne fait qu'un! Après l'effort, le réconfort. Après le travail bien fait, la 3ème mi-temps où l'on boit des canons avec les copains et aussi les adversaires. Elle est, aussi là, la beauté de notre sport... » Sylvain est tiré, il le boit, on a affaire, avec lui, à un épicurien qui sait de l'expression tenir la baraque.